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Editorial

Dieu prend en compte la douleur des hommes.

Alors qu’un de mes collègues visitait une personne malade, celle-ci lui confia, au bout d’un moment, combien elle avait été blessée par la parole d’un médecin lui disant, alors qu’elle lui faisait part de sa souffrance, que ce n’était pas important. Je crois même qu’à partir de ce moment-là, elle a plus souffert de cette parole que de son mal par lui-même.

Je veux bien admettre que c’était une maladresse dont l’auteur n’avait mesuré ni la portée ni l’impact dans le cœur de celle qu’il soignait, mais j’en doute quand même. Je tiens aussi à préciser que nombreux sont les soignants qui n’ont pas cette brutalité dénuée de toute humanité à l’encontre des personnes souffrantes. Il n’en demeure pas moins vrai qu’il est important pour tout un chacun d’être reconnu avec sa souffrance quand il en fait part. Devant ce besoin, nous pouvons nous sentir tous plus ou moins coupables car, avant de nous plaindre de ne pas avoir été écoutés lorsque nous avons témoigné de notre douleur, il se peut que nous ayons d’abord besoin d’admettre que nous n’avons pas non plus nous-mêmes reconnu parfois celle des autres. Elle nous a semblé, à tort, imaginaire, inventée ou insignifiante par rapport à la nôtre, etc…

Lamentations 1/12 : Je m’adresse à vous, à vous tous qui passez ici ! Regardez et voyez s’il est une douleur pareille à ma douleur, à celle dont j’ai été frappée ! L’Eternel m’a affligée au jour de son ardente colère.

Celui qui souffre a besoin d’être pris en considération.

Il veut être reconnu avec sa douleur. Il doit lui-même le faire par rapport à lui-même. Il a besoin de l’écoute et de la reconnaissance de sa douleur par les autres, car il est très difficile de se retrouver face à leur incompréhension, à leur moquerie ou à leur rejet. Il peut être assuré de l’attention de Dieu, car elle est  réelle.

Dieu prend la douleur en compte, en tient compte et même la met sur son compte.

  • Psaume 34/6 : Quand un malheureux crie, l’Eternel entend, et il le sauve de toutes ses détresses.
  • Esaïe 53/4 : Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’est chargé; et nous l’avons considéré comme puni, frappé de Dieu, et humilié.

Face à la douleur de Anne, Eli fut incapable de le faire.

Les paroles d’Eli étaient extrêmement dures et injustes. 1 Samuel 1/14 : et il lui dit : Jusques à quand seras tu dans l’ivresse ? Fais passer ton vin.

Lui aussi devait peut-être exprimer éventuellement une douleur secrète, peut-être à cause de ses fils qui méprisaient les valeurs divines ? Mais, si c’était le cas, il le faisait bien mal, car la souffrance n’autorise pas celui qui la subit à faire souffrir et à dire n’importe quoi, surtout dans sa fonction.

Après avoir prié, Anne a trouvé les ressources pour pouvoir répondre dignement, respectueusement et calmement.

1 Samuel 1/15 : Anne répondit : Non, mon seigneur, je suis une femme qui souffre en son cœur, et je n’ai bu ni vin ni boisson enivrante; mais je répandais mon âme devant l’Eternel. Ne prends pas ta servante pour une femme pervertie, car c’est l’excès de ma douleur et de mon chagrin qui m’a fait parler jusqu’à présent. »

Guéhazi, serviteur d’Elisée, était dans la même incapacité.

2 Rois 4/27 : Et dès qu’elle fut arrivée auprès de l’homme de Dieu sur la montagne, elle embrassa ses pieds. Guéhazi s’approcha pour la repousser. Mais l’homme de Dieu dit : Laisse-la, car son âme est dans l’amertume, et l’Eternel me l’a caché et ne me l’a point fait connaître.

Il faut donc s’efforcer de coller à la réalité, ne pas faire l’apologie de la souffrance et se maintenir dans la foi que Dieu est capable de secourir ceux qui souffrent.

Il y a un droit à la douleur avec un droit à ne pas être jugé ! Le fait de pouvoir en parler, de pouvoir l’exprimer ainsi que ses conséquences sur soi est déjà un élément de guérison et de soulagement.

Dieu prend en compte la douleur des êtres humains et il leur laisse le droit d’exprimer les cris qu’elle leur arrache, comme devrait aussi apprendre à le faire tout soignant et tout chrétien ou/et responsable qui veut exercer un ministère béni et utile aux autres.

Actes 16/9 : … Passe en Macédoine, secours nous !

La douleur et la souffrance n’excusent pas n’importe quel comportement, mais doivent toujours être prises en compte et au sérieux, même s’il y a simulation dans le but d’attirer l’attention, et la compassion.

Exode 3/7 : L’Eternel dit : J’ai vu la souffrance de mon peuple qui est en Egypte, et j’ai entendu les cris que lui font pousser ses oppresseurs, car je connais ses douleurs. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens, et pour le faire monter de ce pays dans un bon et vaste pays, dans un pays où coulent le lait et le miel, dans les lieux qu’habitent les Cananéens, les Héthiens, les Amoréens, les Phéréziens, les Héviens et les Jébusiens.

Exode 6/5 : J’ai entendu les gémissements des enfants d’Israël, que les Egyptiens tiennent dans la servitude, et je me suis souvenu de mon alliance. C’est pourquoi dis aux enfants d’Israël : Je suis l’Eternel, je vous affranchirai des travaux dont vous chargent les Egyptiens, je vous délivrerai de leur servitude, et je vous sauverai à bras étendu et par de grands jugements. Je vous prendrai pour mon peuple, je serai votre Dieu, et vous saurez que c’est moi, l’Eternel, votre Dieu, qui vous affranchis des travaux dont vous chargent les Egyptiens.

C’est surtout en Jésus-Christ que Dieu a montré qu’il était descendu vers les hommes pour venir au secours de leurs douleurs, étant lui-même ainsi devenu homme de douleur et habitué à la souffrance. Il a poussé son identification avec les souffrants jusqu’à exprimer lui-même la douleur quand il l’a connue. Ainsi, il a fait l’expérience de la douleur et il peut secourir ceux qui passent par elle.

En ce jour, sachons que nous pouvons lui en faire part et nous attendre à son secours.